Métamorphoses amérindiennes
Boucliers, masques et kachinas
Kevin Red Star (Crow)
Tony Abeyta(Navajo), Perry Eaton (Sugpiag)
Sheldon Harvey (Navajo), Dustin Mater (Chickasaw)
Scott Momaday (Kiowa)
Du 2 juin au 15 septembre 2015
Le concept de métamorphoses, choisi pour le Carré Rive Gauche 2015, convient particulièrement bien à l’art amérindien, dont les thèmes d’inspiration contemporains, très empreints des perceptions traditionnelles du monde, foisonnent de formes et de motifs qui évoquent le changement d’une forme à une autre, d’un état de conscience à un autre, de compositions abstraites ou figuratives évocatrices de visions associées à la mythologie, au esprits gardiens du monde animal, à la puissance de la nature et au cosmos.
Des œuvres qui racontent des histoires
La galerie ORENDA propose cette année une exposition réunissant six artistes originaires de l’Ouest américain dont les thèmes d’inspiration : boucliers, masques et kachinas, illustrent ces associations et ces transformations. Masques qui dissimulent mais aussi révèlent, combinant traits humains et représentation animale, boucliers figurant des motifs animaliers symbolisant les liens avec le monde des esprits, kachinas réinterprétant les mythes des origines, à la fois esprits des ancêtres et divinités tutélaires, figurines facétieuses, objets d’art intemporels. Ces œuvres racontent une histoire.
Les boucliers de Kevin Red Star
Au centre de cette exposition Kevin Red Star, artiste historique de la nation crow/absaroke (enfants du grand oiseau), l’un des pionniers de la génération des artistes amérindiens contemporains. Sur l’invitation, la peinture d’un bouclier, tel un ciel empourpré sur lequel se détachent des oiseaux noirs stylisés à la manière de Braque, annonce une sélection de toiles animées par un flamboiement intérieur. Couleurs intenses, silhouettes de chevaux, de bisons, décors de plumes, motifs symboliques et mystiques évocateurs de son héritage ancestral. Une échappée vers les grands espaces, la mémoire amérindienne s’exprime ici dans un esprit contemporain, à travers ces boucliers transformés en microcosmes, cercles enchantés, espaces visuels palpitants de la vie intérieure de l’artiste.
Masques et Kachinas
Les masques de Perry Eaton, artiste sugpiaq d’Alaska, ont une belle histoire liée à la France. Certains font partie de la collection permanente du Musée-château de Boulogne sur Mer et actualisent la galerie de masques anciens de l’Ile de Kodiak réunies par l’explorateur français Alphonse Pinart, dans les années 1870s. Déjà exposé trois fois par la galerie ORENDA, Perry Eaton a créé deux masques dans une nouvelle veine créatrice pour cette exposition : un masque de chaman illustrant la dualité de la représentation mi-humaine, mi-animale, esprits auxiliaires encadrant l’ovale de l’officiant et un autre remarquable masque figurant un oiseau-messager, parure de danseur appelé à devenir un esprit-oiseau-humain voyageant entre les mondes.
Sheldon Harvey, navajo d’Arizona, sculpteur de kachinas, échappe aux controverses liées aux ventes récurrentes et scandaleuses de masques sacrés à l’Hôtel Drouot. Il a consulté les anciens avant de venir présenter ses œuvres à Paris et il s’inscrit dans la nouvelle génération d’artistes amérindiens souhaitant faire découvrir son univers au delà des frontières. Ses kachinas empreintes de spiritualité sont un trait d’union entre le ciel et la terre, le monde des humains et celui des esprits et sont inspirées par des figures mythiques telles que celles du « trickster », qui, selon lui, maintient le monde en équilibre en marchant sur une ligne fragile, entre absurdité et espoir, sourires et larmes.
La Nature sculptée : la luminescence des coquillages gravés
À découvrir dans cette exposition un jeune artiste chickasaw (Dustin Mater) encore inconnu en Europe, qui transforme en sculptures des coquillages gravés, dans la tradition séculaire des Indiens du Mississippi : Une sphère luminescente, entre disque solaire et trésor des profondeurs, resplendit d’une brillance dorée et une immense coquille humanisée, ourlée de fourrure et incisée de fines touches noires, semble surgie des flots.
Message visuel de Scott Mamaday, artiste pour la paix de l’UNESCO
En point d’orgue, le poète/peintre Scott Momaday, artiste pour la paix, ambassadeur des cultures amérindiennes sur la scène internationale, a peint deux boucliers kiowas, dans la continuité de sa célèbre série historique, mise en poésie dans l’ouvrage A Man Made of Visions (ORENDA 2011), préfacé par Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO.
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