Entre ciel et terre
Galerie ORENDA
L’énergie du monde… du ciel aux pierres, de l’herbe à la chair, de la chair à la terre…
Tout passe, tout coule, tout s’écoule.
Sylvain Tesson (La panthère des neiges)
Entre ciel et terre, Bernard Abtey, Bertrand Kulik et Edith-Laure Rostkowski proposent leur regard sur le cosmos et la nature, l’espace urbain et les phénomènes naturels : tempêtes, orages, éclipses, cieux étoilés. Ces trois artistes exposés à la Galerie ORENDA en cette fin d’automne 2019 sont des guetteurs ; ils savent attendre l’instant ou la nature se révèle, bousculant ou illuminant l’espace architectural, créant de nouveaux jeux de lumière, transportant le regard de la pierre et de la terre jusqu’au firmament.
Embrasser le monde
Bernard Abtey, maître sculpteur, est l’un de nos rares artistes formés à la rigoureuse école de la taille directe. Il s’inscrit dans la lignée des bâtisseurs de cathédrale (il a fait ses premières expériences sculpturales à la cathédrale de Strasbourg). Depuis, il a déployé son talent en privilégiant la pierre et le marbre mais aussi le bois précieux. Ces derniers temps, il a travaillé le zinc et la fibre de verre. Une rétrospective lui est actuellement consacrée à Dax (Galerie Dom Art, sous le titre « Odyssées ») qui permet d’embrasser l’ampleur de son œuvre. Travail engagé (sculptures de la réconciliation à Oradour-sur-Glane ou Piliers de la paix à Bethléem), mais aussi fondé sur la prouesse technique (extraordinaire buste en marbre de Carrare de la Princesse Kokejin, dans l’exposition de Dax). Au fil des années la fascination de l’artiste pour la représentation du corps féminin s’est affirmée (Confidences), et aussi son exploration visuelle des cieux et du cosmos. Les pièces figurant cet automne à la Galerie ORENDA, en fibres de verre délicatement teintées, illustrent ces élancées vers le ciel.
Capter l’instant, trouver la note
Bertrand Kulik, photographe et violoniste, porte sur le monde un regard d’une sensibilité vibrante, qui s’exprime dans ses interprétations musicales comme dans ses clichés surprenants. Ses photographies sont le fruit de flâneries nocturnes et de son observation éblouie des cieux. Connues et recherchées dans le monde entier, elles ont immortalisé éclipses et tempêtes, illuminations et trajectoires lumineuses, au point de faire tenir dans des gouttes d’eau, tels des camées précieux, le reflet de nos plus beaux monuments.
Cette exposition est pour lui l’occasion de présenter ses œuvres sur métal ou sur papier, et de nous faire rêver par sa capacité à fixer l’instant. Il réinvente la Tour Eiffel en lui ménageant des rencontres insolites avec les caprices du ciel, anime l’architecture urbaine par l’intrusion d’éclipses et d’éléments cosmiques et nous fait partager la méditation d’oiseaux perchés sur des lampadaires pour contempler la lune.
Interroger les étoiles
La jeune artiste Edith-Laure Rostkowski,, créatrice de bijoux ( « Edilouchka ») et illustratrice, s’est jointe à ses aînés pour présenter deux sculptures lumineuses et un ensemble de peintures qui composent un univers poétique et fantastique. Avec ses villes imaginaires, elle nous invite à un voyage dans le cosmos et dans le temps.
Ses sculptures, travaillées à la main en pierre, sont fondues en bronze, mat ou brillant, puis transformées en lampes. Elle propose ainsi, dans un esprit design, des œuvres où la force de la matière brute et la vibrance de la lumière se combinent. Dans ses peintures, elle associe la profondeur du champ pictural, travaillé par couches successives, à un pointillisme presque indiscernable, conférant des palpitations à un espace rêvé.
Ainsi, de la pierre au ciel, ces trois artistes composent un univers de songes. Sculptures, peintures et photographies s’associent librement pour une invitation à un voyage stellaire, en une belle exhortation visuelle à relever la tête pour percevoir, bien au-dessus de nous, l’immensité du monde.
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