« Confluences du surréalisme » : Aux frontières de l’imaginaire

Lanfranco (Italie) et Karel Zlin (France/République tchèque)


Deux grands artistes accomplis, peintres et sculpteurs, grands dessinateurs, auteurs, dont les œuvres figurent dans les musées et les collections de très nombreux pays se rencontrent lors de l’exposition « Confluences du surréalisme » invitant les visiteurs à un voyage aux frontières de l’imaginaire, du conscient et de l‘inconscient, de l’ici et de l’ailleurs.

Lanfranco, natif de Mantoue, comme Andrea Mantegna, est considéré comme l’un des fondateurs du surréalisme italien. Il se perçoit plutôt comme le créateur d’un art fantastique singulier. Admiré par Magritte et André Breton, « mi-ange, mi-démon », selon une amie de ce dernier, il se plaît, comme un alchimiste, aux multiples transformations des visages et des corps, dont il décèle et dévoile les mystères et les secrets.

Ses œuvres, peintures et sculptures, oscillent entre ombre et lumière, poésie et science fiction, obsessions et illuminations, et mettent en scène des rêves éveillés. Avec le « chant des réalités fantastiques » de Lanfranco, on pénètre dans un foisonnement d’espaces surréels aux tonalités d’icône, qui constituent un écrin précieux d’évocations érotiques et ésotériques. Entre volupté et mysticisme, Lanfranco compose des scènes atemporelles, des évocations cosmiques, imagine des lieux et des rencontres insolites, peint des couples d’une beauté surnaturelle perdus devant la beauté du monde.
La femme est l’inspiratrice constante de ses méditations poétiques. Il peint ou sculpte ses muses à l’infini: femme violon, femme robot, étranges femmes-sardines alignées dans une boite de conserve, femme-chant, femmes endormies dans des paysages désertés, traversés par de fringants chevaux blancs, femme-sable, femme-paysage fondue dans les dunes. Avec virtuosité, chacune de ses œuvres raconte une histoire.

Karel Zlin, né en Tchécoslovaquie, qui vit en France depuis 1976, est un poète et un philosophe dont l’univers plastique est nourri de culture universelle. Avec ses méditations métaphysiques, il s’est affranchi des frontières géographiques et temporelles. Il est l’auteur d’œuvres majestueuses et monumentales : barque solaire et architecture anthropomorphe, qui figurent dans les collections nationales françaises.

Cette exposition fait suite à une grande rétrospective qui lui a été consacrée au Château Schwarzenberg, en mai 2010, et révèle un pan nouveau de sa créativité, tout en présentant quelques-unes de ses œuvres les plus connues (petite version de la barque solaire et son ébauche en bois flotté ramassé sur une plage de l’île de Ré, facture parfaite du gracieux éphèbe, puissance onirique des encres sur bois).
Parmi les œuvres nouvelles, plus intimes et toujours empreintes de la même majesté formelle, de son goût de la géométrie et de son sens du mystère, une palette de couleurs différente se révèle. L’artiste aime à faire remarquer combien la France a compté dans les mutations et le murissement de son travail. « Il y avait si peu de couleurs, autour de Prague dans les années 1960 », se souvient-il. « Paris m’a semblé si lumineux » ! La couleur, qui a joué un rôle fondamental dans son vaste cycle cosmologique, est devenue un principe constructeur dans l’architecture de ses toiles. Avec la reconnaissance dont Karel Zlin jouit aujourd’hui dans son pays natal, une nouvelle sérénité, une autre lumière nimbe ses toiles et rehausse l’harmonie de ses compositions, la facture de ses formes ovoïdes, matricielles et la morphologie de ses motifs d’ailes stylisés. Entre gestation, naissance, appartenance et envol l’espace est réinventé. L’organisation épurée de la surface du tableau, ses éléments géométriques semblent à la fois constituer un ordre rigoureux et suggérer une liberté d’inspiration nouvelle, laissant jaillir ici et là le souffle de l’inconscient et la puissance du rêve.

« Conflences du Surréalisme ». Galerie ORENDA. 54, rue de Verneuil, 75007 Paris. www.orenda-art.com tel : 01 49 26 90 09. Du 10 mars au 16 avril.
A partir du 3 mai, à la Galerie Associazione Culturale Renzo Cortina à Milan.