<--retour / back | PAUL MIARA | |
Biographie de Paul Miara
Paul Miara est né le 11 mars 1944 à Alger. Il est le quatrième d’une famille de cinq enfants. Son père Jacques Miara est artisan bijoutier, ce qui l’influencera beaucoup, car tout jeune, il aimait aller dans son atelier de créations et à ses côtés il a pu se familiariser à l’art du dessin et surtout du travail manuel . Il raconte : « j’ai encore des souvenirs magiques du laminoir qu’il ne fallait pas approcher, du chalumeau à bouche qui permettait de réaliser des soudures extrêmement précises pour sertir les brillants, de la manipulation de la cire ou du fil à tresser … Après des études secondaires au Lycée Gauthier à Alger où il commence à s’intéresser à la peinture il rentre à Paris à l’indépendance de l’Algérie pour passer son baccalauréat au Lycée Jean-Baptiste Say. Il entame des études dentaires qui seront couronnées par un diplôme de chirurgien-dentiste en 1969. Il exercera ce métier avec passion de 1969 à 2012 à Paris, rue du Rocher. Parallèlement à cette activité très chronophage il se consacre aussi à mi-temps à l’enseignement en devenant Assistant à l’Université Paris 5. Il écrit de nombreux articles et livres professionnels, il donne aussi de nombreuses conférences en France et à l’étranger. Il consacre également une partie de son temps à la recherche, ce qui lui permettra de déposer plusieurs brevets dans le domaine de la dentisterie esthétique. Il est surtout fier d’avoir, par ses différentes activités professionnelles, contribuer, dès les années 80 à faire connaître de nouveaux traitements comme les jackets ou les facettes de céramique, les techniques d’éclaircissement des dents naturelles … qui vont révolutionner l’art dentaire. Le rôle du dentiste ne se limitera plus à rétablir la fonction ou à stopper la douleur, mais aussi à améliorer, à transformer, à recréer … un sourire naturel par la recherche d’un équilibre des formes et des couleurs. Cette recherche esthétique restera toujours étroitement liée à ses créations artistiques, puisque malgré une activité professionnelle importante il a su entretenir son amour pour la peinture à laquelle il consacre tous ses moments de liberté. Il nous explique « ma passion pour la création m’a poussé aussi à monter un laboratoire de prothèse dentaire qui n’était pas sans rappeler mes souvenirs d’enfance dans l’atelier de mon père en Algérie. J’ai pendant de nombreuses années confectionné toutes mes prothèses, étant spécialiste en dentisterie esthétique j’ai réalisé de très nombreuses dents en céramique, ce qui demande un savoir-faire mais aussi certains dons artistiques pour restituer la couleur des dents à reproduire. Cette activité de céramiste et ce goût pour les couleurs et les formes m’ont beaucoup servi dans mon travail d’artiste peintre. Ils m’ont permis d’affiner ma technique de pixellisation que j’ai très tôt utilisée pour peindre. En fait, la dent en céramique s’élabore à partir de poudres mélangées à l’eau de différentes nuances de blancs. La dent se construit par des apports successifs de petites masses de poudre, de couleurs différentes qui vont, par une cuisson à haute température, se lier, se mélanger … pour recréer la mosaïque de couleurs que représente une dents naturelle. En choisissant de travailler sur la toile avec des spatules que je façonne le plus souvent je retrouve par des apports successifs de petites masses de couleurs pures la technique de montage des céramiques. Cette technique additive que l’on utilise en céramique obéit à des règles précises dans le choix de chaque apport. Par contre, sur la toile ces apports successifs s’imposent et se succèdent de façon automatique sans paraître obéir à aucune règle : j’ai l’impression que ma spatule choisit ses couleurs indépendamment de ma volonté » Cette technique largement utilisée par les pointillistes et les divisionnistes en reprend les grands principes, mais elle s’en éloigne par l’épaisseur des masses de couleur qu’elle utilise. L’ensemble des ajouts successifs créent un véritable relief avec un effet particulier sur la toile. Ayant souvent constaté qu’une couleur provenant du mélange de deux couleurs pures apparaît toujours moins brillante et moins lumineuse que celle obtenue par la juxtaposition de deux couleurs pures directement appliquées sur la toile, il utilisera le plus souvent des couleurs pures qu’il va juxtaposer, recouvrir ou quelquefois mélanger sur la toile, afin que la fusion totale se réalise à distance dans les yeux du spectateur. La conséquence fondamentale de cette technique additive est de faire participer l’observateur qui, choisissant une distance d’observation, détermine une vision particulière de la toile qu’il regarde. La perception par l’œil, puis l’interprétation par le cerveau, de cette myriade de petits points de luminosités vibrantes créent des volumes qui se modèlent et reprennent avec l’éloignement leur aspect figuratif. Paul Miara nous confie : » il est toujours délicat d’exprimer sur une toile tout ce que l’on ressent. On doit apprendre à maîtriser ses pulsions et à laisser libre cours à ses sensations, trouver cet équilibre fragile est une de mes préoccupations permanentes pour chacune de mes toiles. En restant de longs moments à parcourir ma toile mon œil me dit si elle est finie ou si je dois encore la retoucher. Quand je la regard de près il faut que mon regard ne soit pas heurté par un détail de forme ou de couleur. Même si ce détail s’estompe en augmentant la distance d’observation. Le tableau fini n’atteint sa pleine expression que lorsque les masses de couleurs s’organisent harmonieusement. » Cette recherche d’équilibre chromatique a parfaitement été expliquée par Matisse durant sa période pointilliste vers 1905 ou l’œuvre semble se produire par endogénèse. « Je posais ma couleur, c’était la première couleur de ma toile. J’y joignais une deuxième couleur et alors, au lieu de reprendre quand cette couleur ne paraissait pas s’accorder avec la première, j’en mettais une troisième qui devait les accorder ; alors il fallait continuer ainsi jusqu’à ce que j’eusse la sensation que j’avais créé une harmonie complète sur la toile. » Aujourd’hui mes recherches m’ont poussé à essayer de mélanger la photographie qui représente de réel avec ma peinture pixellisée en épaisseur qui fait surtout appel aux sensations, à l’imaginaire, au rêve … Vu les progrès constants de la photographie et des techniques de retouche proposées par des logiciels toujours plus performant on voit actuellement de nombreux artistes créer des œuvres d’art qui sont un mélange plus ou moins réussi de techniques empruntées à la photographie, à l’informatique et à la peinture. La diversité des supports, le choix du type de peinture, de la technique photographique, du tirage photographique donnent une grande variété d’œuvres, dites « technique mixte ». Le thème que j’ai choisi pour ma prochaine exposition à la Galerie Orenda est en fait le résultat d’une rencontre avec un photographe de talent, Jan-Erik Rottinghuis, d’un laboratoire de photos d’exception Art Photo Lab. Ces rencontres m’ont permis d’explorer les possibilités de cette fameuse technique mixte. J’ai toujours voulu mélanger la photo d’art à ma technique de pixellisation. Après de nombreux essais pour trouver le support idéal qui permet des tirages photographiques de qualité et une bonne adhérence pour mes peintures alkydes, nous avons, avec mon ami Jan-Erik, choisi parmi ses milliers de clichés, ceux qui pourraient donner libre cours à ma technique de pixellisation. J’ai choisi des animaux sauvages en pleine nature : l’animal ne sera jamais retouché (sauf le regard). Il représente la réalité photographique, j’ai, par contre, réinterprété l’environnement comme je le fais pour chacune de mes toiles. On retrouvera dans cette série d’œuvres que j’ai intitulée : »Vibrations lumineuses, un parfum d’Afrique ». Ce contraste où l’animal est représenté en deux dimensions et l’environnement qui est peint avec beaucoup de reliefs. Je voudrais enfin préciser que j’utilise des peintures alkyd qui sont des mélanges de peinture à l’huile et d’acrylique. Je n’aurais jamais pu développer cette technique de pixellisation en relief où chaque masse de peinture est souvent recouverte par une autre avec une peinture classique à l’huile. Afin que chaque apport de couleur pure ne se mélange pas à la suivante il faut attendre un séchage plus ou moins complet de chaque couche avant d’en apposer une nouvelle. Les peintures alkyd, grâce à un séchage très rapide (quelques heures) facilitent cette technique de peinture en épaisseur, les masses tiennent parfaitement, sans aucune coulure. Les alkyds ont la particularité de pouvoir se mélanger à la peinture à l’huile et même à l’acrylique. Enfin, leur luminosité exceptionnelle potentialise la technique de pixellisation en épaisseur. |