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Alix Brijatoff : un éclairage unique de la "Shoah par balles" dans les pays baltes.

Tombes lointaines , publiée chez Robert Laffont .

Elle est la troisième fille de Adolphe-Abraham Landau et Bluma Katz-Jankelevitch. Deux communistes émigrés de leurs pays d’origine (Pologne et Lettonie) avant la guerre. Lui est issu de lignées de rabbins remontant selon la légende familiale au Maharal de Prague (1513-1609), elle de «petit-bourgeois» établis à Riga au début du XXème siècle.

À la suite d’un éprouvant périple à Riga, Jurmala, Rumbala sur les traces des racines lettones de sa mère (toute sa famille y sera exterminée en 1941), elle décide de se consacrer à retrouver les faits historiques de cette tragédie. L’équipe du père Patrick Desbois lui précise que son « travail » en Ukraine ne lui permettra pas de faire de même dans les pays baltes avant de nombreuses années. Ainsi commence un terrible voyage dans le passé : la « shoah par balles » perpétrée dans les pays baltes est mal connue. Elle fera deux voyages en Lettonie, sera aidée par les Archives Lettones, l’adjoint de Marger Vestermanis, survivant des « aktions » de 1941 et directeur du Musée juif de Riga, de nombreux témoignages (Ushmm, Yad Vashem, le "livre noir" de Grossman et Ehrenbourg …), quelques rares livres publiés en anglais, des archives russes, ainsi que les actes des procès des bourreaux.

« Tombes Lointaines » est un livre unique dans sa forme et son fond, un livre-témoignage sur un épisode mal connu de la Shoah en Lettonie. Il est publié en avril 2009 chez Robert Laffont. Il raconte la vie quotidienne dans la communauté juive de Riga, en Lettonie, jusqu’au drame de l’extermination fin 1941. Il lève le voile qui cachait cette tragédie. Il est l’illustration de ce que réclamait Simon Dubnov<1>, le célèbre historien de « L’histoire mondiale du peuple juif ». Celui-ci ne cessera de répéter aux habitants du ghetto, ses compagnons d’infortune: "Yidn, shreibt und fershreibt" - en yiddish: « Juifs, écrivez et témoignez ». Son carnet intitulé « Ghetto » n’a jamais été retrouvé. Il est assassiné le 8 décembre 1941 dans le ghetto de Riga lors de la 2ème Aktion. Les faits historiques sont confrontés avec le « carnet » de Brocha reconstitué à partir des témoignages de survivants, des récits de sa mère – Bluma - et de sa sœur Maria.

Ainsi que l’écrit Jacques Attali dans sa préface : « Elle - Alix Brijatoff - a fait ici un humble et magnifique travail ; son grand mérite est de faire revivre ces gens dans leurs vies quotidiennes, leurs passions, leurs peurs, leurs espoirs, de nous permettre de les suivre, de leur légèreté à leur mort. Sans fioriture. Sans théorie. Sans morale. Qu’auraient-ils du faire au début de 1941? Qu’auraient ils pu faire ? Se révolter ? Fuir ? L’un et l’autre étaient encore possibles, peut être, et certains ont survécu, en URSS, ou en traversant toute l’Europe en guerre pour rejoindre la Palestine. Même si c’est bien plus tôt qu’il fallait comprendre. Et agir… Il faut lire ce livre en se demandant pas à pas si on aurait réagi autrement, si on avait su, avant eux, autrement qu’eux, échapper aux griffes du piège.»

Ce « récit » met en lumière cet épisode qui précède le passage aux méthodes « industrielles » d’extermination. On compte 1, 5 à 2 millions de morts entre 1939 et 1941, 4 millions entre 1942 et 1945 !