«Quand le marbre se fait chair

De son union-combat avec le marbre, MARIA PAPA ROSTKOWSKA fait éclore des fleurs, forge des guerriers, fait apparaître des promesses de bonheur. De ses sculptures qui suscitent la caresse, sur lesquelles le doigt glisse et s’attarde, elle évoque un univers où les pôles masculins et féminins se confrontent et se combinent, s’interpellent et se renvoient l’un à l’autre. Dualité des silhouettes tantôt massives, tantôt habitées par un élan puissant, gracieuses ou monumentales, abstraites ou figuratives. Du combat (guerriers) à l’amour (baisers, maternités), du choc des cultures (Quetzalcoatl conquis par la caravelle de Colomb) à la quête de l’élan pur d’un cheval, du vol d’un oiseau ou de la dérive d’une barque, c’est un rêve de bonheur d’une sensualité frappante et d’une spiritualité latente qui s’incarne dans le marbre ; la palette en est vaste, des marbres de Carrare, noirs de jais ou blancs de chair, aux marbres de Syrie roses ou orangés évocateurs d’harmonies lointaines, jusqu’aux bronzes dorés coulés d’après le marbre sculpté en taille directe.»
Joëlle Rostkowski.

MARIA PAPA ROSTKOWSKA,
née Baranowska
Maria Papa Rostkowska est née à Varsovie d’une mère russe (Nadieja Juduszkin) et d’un père polonais (Boleslas) qui se sont rencontrés à Moscou avant la révolution bolchevique. En 1943, elle épouse Ludwik Rostkowski Jr, homme politique polonais, Vice Président de l’Union des Etudiants Démocrates ("Stronnictwo Demokratyczne"), Médaille des Justes. Avec son mari et son beau-père, le docteur Ludwik Rostkowski Sr, membre fondateur de l’Organisation Zegota, et de son épouse Janeczka, elle participe au sauvetage des Juifs du Ghetto de Varsovie. Lors de l’insurrection de Varsovie en 1944, elle s’engage dans l’Armée du Peuple, participe activement aux combats contre les Allemands et obtient, après la libération, la Médaille Virtuti Militari pour ses faits de guerre.

Pendant l’occupation, elle étudie l’architecture et les Beaux Arts. En 1945, elle donne naissance à un fils, Nicolas Rostkowski.
Deux ans plus tard, elle reçoit une bourse du gouvernement français, renouvelée par l’UNESCO pour poursuivre ses études artistiques à Paris.

En 1950, elle devient veuve, son mari étant emporté par la tourmente et la répression staliniennes. Elle part alors de Varsovie et obtient un poste d’Assistante à l’Ecole Supérieure des Beaux Arts à Sopot. En 1953, elle est nommée Professeur Associé à l’Académie des Beaux Arts de Varsovie (« Akademia Sztuk Pieknych w Warszawie »). Elle prend part à des expositions en Pologne et obtient de nombreux prix. En 1954, elle exécute de grandes décorations murales dans la vieille ville de Lublin et se voit décerner pour ce travail le Prix d’Art de l’Etat Polonais.

En 1957, à l’invitation d’Edouard Pignon, elle se rend à Paris, qui après Varsovie et Slonim (Belorussie) devient la ville de son cœur et où elle s’installe définitivement.
Un an plus tard elle épouse Gualtieri Papa di San Lazzaro, critique d'art, écrivain, journaliste italien, fondateur de la Revue d’Art XXème Siècle et propriétaire de la Galerie XXème Siècle à Paris. Elle continue à peindre mais, à Albisola, (Ligurie, Italie) elle découvre la céramique et la terre cuite et graduellement elle commence à se consacrer à cette forme artistique. Elle travaille à Albisola dans l’atelier de Tulio d’Albisola en compagnie de Fontana, Capogrossi, Roberto Crippa, Lam, Milena Milani, Piero Manzoni, Fabbri et d’autres. Carlo Cardazzo expose ses terres cuites dans sa Galleria del Naviglio à Milan. À Paris, elle exécute plusieurs bronzes et prend part à de nombreux salons et expositions en France et à l’étranger. Elle entretient des relations d’amitié avec Miro, Chagall, Hartung et Anna Eva Bergman, Serge et Marcelle Poliakoff, Estève, Marino Marini, Henry Moore, Dubuffet, Soulages, Pignon, Magnelli, Signori, Emile et Babet Gilioli, Arp, Anita et Roger Vieillard, Istrati et Natalia Dumitrescu, André Pieyre de Mandiargues, Guadagnucci, Ionesco, Vittorio de Sica, Cesare Zavattini, Nina Kandinsky, Sonia Delaunay, André Verdet, Alicia Penalba, Olivier Debré, Music, Roberto Crippa, Scanavino, César, Adolf Rudnicki, Krajcberg, Sutherland, Bona de Mandiargues

En 1966, elle est invitée à participer au Symposium du Marbre organisé par les Marbreries Henraux à Querceta (Versilie, Italie), où elle découvre le marbre qui devient sa matière de prédilection. La même année, elle obtient le « Prix Nelson William and Noma Copley (New York) pour la Sculpture ». Depuis lors, elle a créé une large gamme de sculptures en marbre et en pierre, des plus monumentales aux plus intimes, pour la plupart en « taille directe ».

En 1968, son fils Nicolas épouse Joëlle Ribert, future ethnologue, passionnée de voyages et de religions comparées. Sous leur impulsion, elle voyage beaucoup, découvre les États-Unis, l’Inde et l’Iran. Elle se rend à Téheran en 1974, à l’invitation de Farah Diba et plus tard, en Russie, où elle expose au Musée de l’Ermitage. Elle retrouve sa Pologne natale en 1994 en compagnie de son amie de toujours, Rosetta Corsetti. Elle expose à Varsovie ses oeuvres avec son amie d’études, Aryka Madejska. La télévision polonaise a consacré un film à son travail.

Elle vivait et travaillait toujours à côté de Querceta dans la ville de Pietrasanta, grand centre artistique italien auquel se rattachent les noms de Marino Marini, Moore, Mitoraj, Bottero, Fonseca..., où son fils Nicolas et sa belle-fille, Joëlle, ainsi que leur fille Edith-Laure lui rendaient fréquemment visite. Elle etait entourée de ses marbres, de ses amis et plus particulièrement de Rosetta Corsetti, de Guido Belli et du Dr Enrico Consoglioni ainsi que de ses chats. Ses œuvres se trouvent dans des nombreuses collections privées et publiques françaises, américaines, suisses, belges, italiennes, polonaises, japonaises et russes. Plusieurs de ses sculptures et bas-reliefs ornent des villes européennes et notamment Paris.