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"Allons enfants de...l'Iraq", Mateo Romero,
peinture acrylique sur bois, 70 x 90 cms, 2007.

Contemporary Pueblo painter Mateo Romero was born and raised in Berkeley, California.

Although his cultural background is an urban one, through his father Santiago Romero and his connection to their Southern Keresan Cochiti people, this experience includes much of the Rio Grande Pueblo world as well.

Mateo attended Dartmouth College and studied with acclaimed artists Ben Frank Moss and Varujan Boghosian. He received an MFA in printmaking from the University of New Mexico.

Mateo is an award-winning artist who has exhibited internationally in Canada and in the United States. He is currently a Dubin Fellow in painting at the School of American Research in Santa Fe, NM, and paints in his studio at Pojoaque Pueblo where he lives with his wife, Melissa, and their children Erik, Povi, and Rain.

Mateo Romero : un peintre anti-conventionnel, voire subversif.

Mateo Romero est un peintre très renommé et une étoile montante sur la scène artistique dans tout le Sud-Ouest des États-Unis et plus particulièrement dans la région de Santa Fe. Son œuvre illustre la créativité d’un héritage culturel double : Indien par son père, originaire d’un pueblo du Nouveau-Mexique et anglo-américain par sa mère, anthropologue, il a passé son enfance à Berkeley. Il vit et travaille au Nouveau-Mexique, entre le pueblo de Pojoaque et son atelier de Santa Fe. Il a été choisi en 2008 pour faire la couverture du catalogue de l’Indian Market, qui réunit chaque année dans la région des milliers de visiteurs.

Mateo Romero est diplômé de l’Université de Dartmouth, de l’Institute of American Indian Arts (IAIA) et de l’Université du Nouveau-Mexique ( UNM, Albuquerque). À quarante-deux ans, il a déjà obtenu de nombreux prix et exposé au Canada et aux États-Unis. Cette exposition est sa première en Europe.

Peintre anti-conventionnel, voire subversif, Mateo Romero se plaît à aborder des sujets difficiles. À travers sa peinture, il s’interroge sur la guerre et ses effets pernicieux sur la conscience individuelle des jeunes soldats, en particulier les soldats indiens, nombreux a avoir participé au conflit iraquien comme beaucoup d’autres volontaires issus de minorités défavorisées. Le père de Mateo est revenu amputé d’une main à l’issue de la guerre de Corée et son neveu traumatisé et profondément perturbé par sa participation au conflit iraquien.

Pour ses peintures de guerre, Mateo Romero travaille sur des photographies qu’il s’approprie ensuite par une peinture à l’huile à grands traits puissants dont la palette est riche en bruns et ocres.


Dans ses moments de paix, comme les soldats amérindiens à Bagdad, il rêve des traditions indiennes. Ses peintures de danseurs (Crown Dancers, Deer Dancers) évoquent les retrouvailles dans les pueblos lors des rituels. La spiritualité traditionnelle s’explique collectivement et reconstitue le tissu social. Mais les peintures de paix de Mateo Romero sont aussi flamboiement (Fire), représentations d’instants extatiques à la faveur desquels les danseurs sont transportés par le rythme des tambours et des chants. Ainsi ses peintures de paix expriment-elles aussi la tension, le combat intérieur que livrent aujourd’hui les Indiens pour affirmer leur affirmer leur continuité cultuelle et culturelle.

Mateo Romero aime explorer les paroxysmes, les moments de crise, de conflit ou de réconciliation. Il offre un champ visuel très ample inspiré tant par les moments forts du quotidien dans les villages du Nouveau-Mexique que par l’actualité internationale, les conflits armés dans lesquels s’engagent de jeunes hommes mal informés et dont ils reviennent traumatisés, parfois irrécupérables. Qu’elles soient inspirées par l’actualité brûlante des conflits internationaux ou par l’intimité de villages indiens isolés, ses œuvres, jamais nombrilistes ni complaisantes, font écho aux choix politiques et existentiels qui marquent le début du vingt-et-unième siècle.

Joëlle Rostkowski


"Allons enfants de l'Iraq...", Mateo Romero.