PROMENADE EN FORËT


.....Loin des thèmes passés, «Villes englouties», «Chantiers»,
«Labyrinthes», J’ai trouvé au milieu des arbres une nouvelle source à mon imaginaire.

Héritière des souvenirs de ma mère russe, les bouleaux ont exercés une mystérieuse fascination sur moi. Ses souvenirs de retour d’école a travers la forêt sont devenus les miens. Le bruissement des branches sous nos pas, les vibrations de mes fonts de toiles et les pluies de lumière perçant la voûte des feuillages.
Mes forêts sont maternantes, enveloppantes, à l’échelle de l’enfant que je suis dans mes souvenirs.
.....Viennent ensuite les forêts blanches, froides figées dans leur silence cotonneux. L’hiver russe est toujours là, muet dans sa fragile éternité. Les réseaux fluides de la peinture acrylique versés du bout du pinceaux, tissent des liens de givre entre les branches, et leurs rythmes donnent à cette immobilité un nouvel élan vital.
..... Que dire des forêts du mois d’août, des forêts chaudes. Un souffle tropical les traverse. La couleur reprend ses droits : étincelles de feu, de vie, éclaboussent la toile giflée de violents rayons lumineux. Un flux de goutelettes en fond de toile, et le jaillissement des troncs qui s’élancent en contre-jour dans le premier plan.

Sentiment d’éternité.
France Mitrofanoff